déclaration de Mardin contre la fatwa d'ibn Taymiyya
déclaration de Mardin
(Turquie, mars 2010) :
des religieux musulmans contre le jihadisme
La Nouvelle déclaration de Mardin de mars 2010 a été formulée à l'issue d'une conférence tenue les 27 et 28 mars 2010 par des dignitaires islamiques du monde entier dans la ville de Mardin, en Turquie, au sujet de la réinterprétation de la fatwa du savant de l'islam du XIVe siècle ibn Taymiyya. En réinterprétant cette fatwa, les savants ont revu plusieurs des principes fondamentaux cités par les extrémistes musulmans pour justifier le djihad et le takfir (accusation d'hérésie).
La Nouvelle déclaration de Mardin établit les principes suivants : la division traditionnelle du monde entre le "domaine de l'islam" et le
"domaine de la guerre" n'est plus valide, parce que toute l'humanité
est à présent engagée par les traités internationaux et les lois de la
société civile qui garantissent la sécurité, la paix ainsi que des
droits nationaux et communautaires pour tous. C'est pourquoi le monde
dans sa globalité doit être appelé "lieu de tolérance et de coexistence
pacifique entre toutes les religions, groupes et factions.
- La fatwa d'ibn Taymiyya ne peut pas justifier l'accusation de Kufr (hérétique), la rébellion contre les dirigeants, le fait de terroriser et de tuer des musulmans ou des non-musulmans.
- Seuls les chefs d'États sont en droit d'autoriser et de mener le djihad armé, non les individus ou groupes musulmans.
- Les différences religieuses et l'appât du butin ne sont pas des raisons légitimes de mener la guerre.
- Seuls les savants de l'islam hautement qualifiés sont habilités à émettre des fatwas.
- C'est la responsabilité des autorités islamiques de condamner la violence et l'extrémisme de manière claire et explicite. Le principal argument des savants qui participaient à cette conférence était de dire que, tout comme Ibn Taymiyya n'avait pas strictement respecté la division classique du monde en dar al-harb et dar al-islam, les autorités islamiques du monde moderne se devaient de prendre en compte l'évolution des situations. En particulier, ils ont fait valoir que le système international d'aujourd'hui atteint les buts recherchés par l'islam - la paix, la souveraineté, la liberté de culte, etc
- et que les concepts de "domaine de la guerre" et de djihad à son encontre ne sont plus valides. La conférence était accompagnée d'un effort concerté de communication. Les organisateurs ont employé les services d'un cabinet de conseil pour mettre en place un site en langue anglaise (http://www.mardin-fatwa.com) contenant des renseignements sur la procédure, la déclaration de clôture de la conférence, et des coupures de presse. Il est clair que les participants de la conférence se sont également efforcés d'atteindre le public occidental.
La conférence de Mardin a suscité l'ire de nombreux djihadistes et wahhabites extrémistes. Ceci est principalement dû au fait que la conférence avait choisi de se baser sur une fatwa d'Ibn Taymiyya dans le but de faire valoir que ce savant, qui est le djihadiste wahhabite de référence, est aujourd'hui mal interprété.
Certains des savants ayant participé à la conférence, comme le Grand mufti de Bosnie Dr Mustafa Ceric, appartiennent à des écoles islamiques allant à contre-courant des positions d´Ibn Taymiyya ; la décision de se concentrer sur lui semble ainsi avoir été prise dans le but de désamorcer les arguments des djihadistes.
Avant la publication de l'article d'Anouar Al-Awlaki dans "Inspire" [magazine en langue anglaise d'al-Qaïd dans la Péninsule arabique], la conférence avait déjà été critiquée par le cheikh Abou Muhammad Al-Maqdisi, le cheikh Hamid Al-Ali du Koweït, le cheikh wahhabite saoudien Abd Al-Aziz Bin Muhammad Aal Abdel Latif, les cheikhs djihadistes aux pseudonymes de Hussein Bin Mahmoud et Abou Ayyoub Al-Ansari, et d'autres encore.
d'après le site du MEMRI
- voir aussi "The New Mardin Declaration" sur le site iqra.ca (en langue anglaise)
vues de la conférence de Mardin en Turquie